Table ronde en retour des ateliers proposés lors du séminaire sur l’évaluation bienveillante et exigeante par le numérique.
Échanges des différents cadres présents sur les apports du numérique dans les évaluations, sur la manière de faire évoluer les pratiques et sur l’idée de mutualisation dans des communautés apprenantes.
Philippe WUILLAMIER – DEPP – Direction de l’Évaluation de la Prospective et de la Performance
Atelier animé : Les évaluations par les outils numériques présentation, plus-value et perspectives.
« La DEPP propose une vingtaine d’opérations d’évaluations que nous menons aujourd’hui au niveau national, international, exhaustif, sur échantillon, pour essayer d’approcher la question des compétences des élèves.
On a vu ce que les usages du numérique dans ces évaluations pouvaient nous apporter. On a essayé de regarder ce qu’à travers ces passations sous forme numérique (sur tablette ou sur une plateforme à distance), ce que l’on peut faire de plus qu’avec des outils traditionnels d’évaluation ».
Brigitte HAZARD – Inspectrice générale
Atelier animé : L’évaluation et l’enseignement par compétences
« Replacer l’évaluation comme étant l’accompagnement des apprentissages et non pas la finalité de l’enseignement. Cibler davantage sur l’évaluation au fil de l’eau, l’évaluation feedback, l’évaluation qui accompagne les apprentissages. Sur le côté explicitation, l’idée est de donner du sens à tout que ce que font les élèves dans la classe. Si on parle de compétences, d’évaluer, d’expliciter, il ne faut jamais perdre de vue qu’en termes de pratiques de classe la question qu’un enseignant doit toujours se poser, est le sens donné explicitement aux apprentissages pour les élèves.
Comment faire évoluer les pratiques ?
Grâce au développement professionnel continu ; après la formation initiale, il y a tout au long de la vie, à travailler avec les pères d’une part, à se former et aussi la collaboration entre les pratiques de classe et la recherche. La recherche donne des moyens, des idées, les pratiques de classe mettent en œuvre, les échanges entre enseignants et on retourne vers la recherche pour des analyses de pratique et ainsi de suite.
Comment réfléchir ensemble ? Comment mutualiser ?
Grâce aux ressources externes (BRNE, Eduscol…) mais aussi grâce aux ressources internes, ce que les enseignants construisent. On s’épuise sur un site ou sur un autre sans avoir à la possibilité de mutualiser des réflexions collectives.
Concernant l’évaluation par compétences et la mise en œuvre du livret scolaire numérique (LSU) : ce livret a été un levier d’évolution des pratiques car il a fallu se questionner. Cela a aussi montré l’importance de travailler encore certains points comme la place de la politique d’évaluation, la question du discours porté mais aussi une réflexion à mener sur ce que l’on renvoie comme informations aux parents, aux élèves, aux autres experts, aux enseignants.
Eric DOUCHET – IEN 1er degré
« S’interroger sur les compétences et sur l’évaluation, c’est interroger le cœur de notre système.
Comment passer des résultats, des découvertes, des savoirs, de la recherche, de nos idées, comment les faire passer dans les classes, dans les écoles, dans les établissements ?
Nous devons apporter des réponses modernes, adaptées, pour que dans les classes, dans les établissements, ces nouveautés ne déboussolent pas les enseignants, les équipes, mais permettent de donner du sens.
Brigitte HAZARD – Inspectrice générale
« Au sujet des réticences de la part de certains enseignants pour entrer dans des pratiques d’évaluations nouvelles : le métier d’enseignant évolue, il faut que l’on travaille pour accompagner cette nouvelle professionnalité.
Pour la question de la formation : une réflexion est à mener sur de nouvelles modalités de formation. Il faut trouver d’autres façons de faire pour être plus efficace.
Concernant « le manque d’espace » dans notre système éducatif afin d’analyser les pratiques professionnelles entre pairs ; la formation initiale fait beaucoup pour mettre ensemble des enseignants qui se regardent respectivement, qui analysent leurs pratiques. En formation, tout au long de la vie, on ne le fait plus ou pas, au mieux peu ».
Florence Robine – Rectrice
« Comment peut-on construire une politique de formation, d’accompagnement des enseignants, une politique qui soit visible et explicite, autour de ces questions d’évaluation ?
«On a besoin de créer des communautés apprenantes.
Au niveau d’un établissement, d’une école, d’un bassin, on a besoin de réfléchir ensemble et de considérer les enseignants pour ce qu’ils sont : des vrais professionnels à qui on apporte des éléments théoriques, des éléments concrets, sur ce qu’il se passe dans les expérimentations. Montrer des exemples de ce qu’il se passe ailleurs, la manière dont cela a donné des résultats, et de mettre véritablement ces acteurs en mouvement.
C’est un vrai défi qui est devant nous, aussi bien pour la politique d’évaluation, mais pour bien d’autres politiques dans le domaine de l’éducation.
Le numérique est un instrument formidable pour cela, à condition qu’on le prenne à sa juste mesure et qu’on le mette vraiment en activité.
Il faut que nous utilisions plus les établissements, les écoles, comme des laboratoires de pensées, des laboratoires d’actions, qui permettent aux enseignants d’agir véritablement et de proposer des choses. Il faut que nous arrivions à développer la diffusion de l’innovation, de l’expérimentation ; du partenariat entre pairs et faire en sorte qu’un établissement, une école, une circonscription, qui a avancé sur un projet, soit capable d’aider un autre établissement, une autre circonscription, à s’en emparer, à l’adapter à sa situation ».
André Antibi – Professeur émérite de mathématiques – Chercheur en sciences de l’éducation
« Le mot évaluation fait peur. Ceci est lié au statut de l’erreur. Les professeurs ont tendance à dramatiser le mot évaluation ».
Pour demander une formation à l’évaluation bienveillante
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